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Assis dans les stalles, on peut confortablement admirer les vitraux du XVIe siècle qui ornent l'abside. D'abord attribués à Jean Cousin qui a réalisé les vitraux de la cathédrale de Sens, ils sont l'œuvre de verriers parisiens : deux vitraux, celui de la Vierge Marie (nord) et celui de saint Aldric (sud), portent l'écusson de Louis de Blanchefort, mais ils sont sans doute postérieurs à la mort de cet abbé (1505) ; ils sortiraient du même atelier parisien : que les vitraux de Saint-Merry et de Saint-Gervais ; les trois autres, postérieurs à 1518, peuvent être attribués à Jean Chastellain, verrier parisien dont certaines réalisations se trouvent aussi à Saint-Gervais. Endommagés lors du sac des Huguenots en 1569, ils ont fait l'objet d'une campagne de réfection au XVIIe siècle, ont été restaurés en 1852 par Laurent et Gsell, puis à nouveau, après un ouragan, en 1866 et enfin en 1917. Chaque baie est composée de huit scènes, surmontées d'une neuvième encadrée dans une arcature en quintefeuille (cinq lobes), ce qui est peu courant.
    Leur sens de lecture varie selon les fenêtres. On peut noter quelques détails :
- La fenêtre nord consacrée à Marie, se lit de gauche à droite et de haut en bas. Les deux scènes du bas, la nativité et la présentation de Jésus au temple, ont subi des restaurations importantes au XIXe siècle ; le visage de la Vierge, en particulier, en porte la marque. La rosace supérieure représente le martyr de saint Laurent, mort par le feu, qui est le saint patron de ceux qui travaillent par le feu, les verriers et les "ferriers" qui produisaient le fer à Ferrières jusqu'au XVe siècle. Au-dessous se trouvent les armes de Louis de Blanchefort.
- Pierre de Martigny, premier abbé commendataire, a offert le vitrail de saint Pierre, son saint patron en même temps que celui de l’abbatiale. Le donateur est représenté à genoux, sous la scène de l’arrestation du premier pape ; devant lui, un livre ouvert, sa mitre et sa crosse, ainsi que ses armes : un lion rugissant que l'on retrouve au dessous de la rosace supérieure. Le vitrail se lit de droite à gauche et de bas en haut.
- La fenêtre centrale présente les différents épisodes de la Passion du Christ et la Résurection. (le vitrail se lit de gauche à droite et de bas en haut). Ce vitrail est particulièrement remarquable ; on dit que le premier rayon du soleil au matin le traverse et l'illumine, comme pour rappeler aux moines qu’une nouvelle vie transfigurée doit suivre les ténèbres de la mort. Il a probablement été offert par la Maison Royale de France : on voit à gauche de la rosace supérieure l'écusson de Louis XI, parrain de Louis de Blanchefort, et de son épouse Charlotte de Savoie (morts en 1483) ; dans la scène de la mise au tombeau (en haut à droite), certains auteurs ont cru reconnaître, au premier plan, Anne de Bretagne.
- le vitrail de saint Christophe est couronné, sous la rosace supérieure, par les armes de Louis de Blanchefort (à gauche) et de Jean Pot (à droite). Jean Pot, donateur du vitrail s'est fait représenter en bas à droite, à genoux à côté du saint : son blason à ses pieds. Ce vitrail se lit de droite à gauche et de bas en haut.
- le cinquième vitrail est consacré, à gauche à saint Paul, à droite à saint Aldric ; il se lit de haut en bas : la quatrième scène à droite représente le miracle du crâne de saint Aldric.

Heureux celui qui croit sans avoir vu !

Par testament l'archevêque de Sens, ancien abbé de Ferrières avait souhaité être enterré dans ce monastère sous une gouttière de l'abbatiale. Ses dernières volontés furent respectées. Lorsque quelques années plus tard, Aldric fut élevé au rang des saints, les moines voulurent retrouver ses reliques. Mais comment être sûrs de l'authenticité des ossements découverts ? Le dernier vitrail en bas à droite de la baie située au sud-est raconte la suite. Les moines auraient fait venir une jeune fille aveugle et adressé en sa présence cette prière à saint Aldric : "Saint Aldric, si ce sont tes reliques, fais qu'elle retrouve la vue, sinon…" Le vitrail montre l'instant où la jeune chrétienne lève un bras vers le ciel, en voyant pour la première fois… un crâne. L'étonnement des spectateurs est rendu par des regards et des gestes explicites. Un tableau de Notre-Dame de Bethléem représente la même scène. C'est une copie datant du XIXe siècle, de ce vitrail du XVIe siècle.

Pour se rendre dans le transept nord, on passe à côté d'un orgue, construit par les frères Louis et Robert Damiens, facteur d'orgue à Gaillon dans l'Eure, inauguré en 1874 ; la paroisse n'avait pas fini de le payer en 1881 et 1885, à la mort du deuxième frère.
Sur l'autel en bois adossé au mur est, la statue de la Vierge à l'enfant, qui date de 1773, est la dernière œuvre d'art commandée par les moines, juste avant la Révolution et leur disparition. De par et d'autre, deux statues plus petites, mais sensiblement de la même époque.
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L'autel est encadré par deux statues du XIVe siècle en pierre polychrome, d'un mètre de haut : à droite, saint Pierre, à gauche, un évêque peut-être saint Eloi. L'artiste qui les a réalisés pourrait être celui qui a sculpté l'Ecce homo qui se trouve dans la nef.

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Derrière la statue de saint Pierre, dans le mur de l'abbatiale, une petite niche est surmontée par une tête sculptée de facture primitive. C'est un homme barbu, aux cheveux bouclés. D'après le style, il pourrait s'agir d'un vestige de l'époque carolingienne.
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Le banc de communion qui se trouve auprès des marches provient du château de Compiègne. Il est orné d'une représentation de sainte Barbe.
Contre le mur nord, vers le second autel du transept, une pierre tombale assez bien conservée montre un moine les mains jointes, entouré de cette inscription : Ci-git dévote et religieuse personne Dom Jehan Robineau en son vivant aulmosnier en l'abbaye de Ferrière et prieur de Sainct Loup de Cepoy lequel deceda le X janvier 1628. Priez Dieu pour son âme.
Au-dessus de l'autel, la statue de saint Michel terrassant le dragon, aux couleurs criardes, a été donnée en remplacement d'une ancienne statue de saint Michel enlevée à Ferrières et placée au musée de Montargis au cours du XIXe siècle. Depuis 1909, la municipalité tente de rentrer en possession de cette œuvre.
C'est dans cette partie de l'église que reposaient les corps de deux descendants de Charlemagne : Louis III et Carloman. Encore enfants à la mort de leur père Louis II le Bègue, il furent sacrés dans l'abbatiale le 10 avril 879, un vendredi saint. Mais ils moururent rapidement, victimes d'accidents, respectivement en 882 et 884. Tous les deux furent inhumés à Ferrières mais leur tombe fut saccagée par les Anglais en 1427. Plus tard, leurs restes présumés furent déposés dans l'abbatiale saint Denis.
En regagnant la nef, on passe devant la copie d'un tableau de Marc Gabriel Charles GLEYRE, représentant La Dispersion des apôtres. En vis à vis, la Mission de saint Pierre : représenté comme un vieillard chenu, il reçoit les clés des mains du Christ ; à l'arrière plan, on distingue un troupeau de moutons, symbolisant sans doute les troupeaux de fidèles à conduire loin "des ravins de la mort" vers "des prés d'herbe fraîche".

Des tableaux de graines et de pailles :

Dans l'abbatiale, tout comme dans l'église Notre-Dame de Bethléem, sont accrochés des tableaux réalisés à partir de paille et de graines : blé, orge, lentilles, maïs, haricots dits du Saint-Sacrement… Ils sont confectionnés par des fidèles de la paroisse. Le premier fut fait en 1987 à l'occasion d'une fête des moissons. Depuis, chaque année deux ou trois œuvres s'ajoutent aux précédentes. On en trouve aussi dans les églises des environs.

Au bas de la nef, au-dessus du portail ouest, la fenêtre centrale est ornée d'un vitrail du XIXe siècle, de style médiéval : saint Pierre tenant une énorme clef est surmonté d'une représentation symbolique de l'église (peut-être inspirée du Vatican?).
En sortant de l'abbatiale par le portail principal, on peut voir les modillons qui ornent l'abside de Notre-Dame de Bethléem. Ces sculptures en pierre correspondent au débouché des poutres qui soutiennent la toiture. Ils sont tous différents et présentent soit des traits humains, soit des gueules animales, soit des motifs végétaux. Certains sont d'une facture primitive qui les rattache aux premiers siècles de l'art roman. En revanche, les modillons que l'on peut voir autour de l'abbatiale sont sans doute plus récents (XIIe et XIIIe siècle) mais tout aussi intéressants.
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