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Jean de Sarthenay

Descendant d'une ancienne et très noble famille bourguignonne, Jean de Sarthenay entra fort jeune dans la vie religieuse. Docteur en théologie, il enseignait au collège fondé à Paris par les moines de l'abbaye de Cluny, lorsque les moines de Ferrières vinrent le chercher pour le placer sur le siège abbatial de leur couvent, en 1347. Peu après, le roi de France, Philippe VI de Valois, le nomma membre du Conseil des Etats, composé de 6 nobles, 11 ecclésiastiques et 17 bourgeois ; il conserva cette charge sous le règne de Jean le Bon.
Directement mêlé aux grandes affaires du royaume, ce conseiller de deux rois de France veillait néanmoins scrupuleusement aux intérêts de son abbaye. Mais la guerre et l'invasion anglaise paralysèrent son action, et ruinèrent sa vie en même temps que l'abbaye.
En 1359, redoutant un nouvel assaut des Anglais et de nouveaux massacres, Jean de Sarthenay se retira, avec la plupart de ses religieux, à Paris, au collège de Cluny. Il y mourut le 26 septembre 1360, six mois après la conclusion de la paix de Brétigny qui livrait la moitié de la France aux Anglais. Son corps fut inhumé dans la chapelle du collège, près de l'actuelle place de la Sorbonne.
Louis de Blanchefort

Descendant d'une illustre famille, Louis de Blanchefort, cinquième enfant de Guy de Blanchefort, sénéchal de Lyon et chambellan de Charles VII, et de Souveraine d'Aubusson, était le neveu de Pierre d'Aubusson, grand maître des Chevaliers de Rhodes. Son frère cadet Charles fut abbé de Sainte-Euverte et évêque de Senlis. Louis XI était son parrain.
Il entra très jeune à l'abbaye de Ferrières, où il s'engagea dans la vie monastique. Ses qualités tôt remarquées le firent nommer prieur de Bray-sur-Seine puis abbé de Ferrières. Dès lors, il s'attacha à redonner son lustre à l'abbaye durement éprouvée par les ravages de la guerre de cent ans. Il trouva les fonds dans l'immense fortune de sa famille, fit appel à l'aide de son frère, sollicita les dons des parents et amis, parmi lesquels Jean d'Egreville. Le roi lui concéda une partie des forêts et garennes de Paucourt, domaine royal, qui devait lui fournir les bois de charpente. Enfin, la confrérie de Notre-Dame de Bethléem, rétablie dans son ancien état, lui fournit d'importantes ressources.
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Les armes de
Louis de Blanchefort.
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Ainsi, il entreprit la restauration de l'oratoire de Notre-Dame de Bethléem, celle de l'église abbatiale. L'ancien château fort était devenu un asile pour les soldats sans solde qui faisaient, dit-on, plusieurs insolences par la ville et le pays, au grand et notable dommage des bourgeois : l'abbé le fit démolir et utilisa les pierres pour reconstruire l'église Saint-Eloi. Il fit de même restaurer le grand cloître et la chapelle Sainte-Elisabeth.
Louis de Blanchefort se montra également bon administrateur des biens de l'abbaye. Le grand étang, abandonné, était transformé en marécage insalubre. La restauration de la chaussée permit de le remettre en eau, d'affermer la pêche et de percevoir un revenu de 180 livres annuelles.
Louis de Blanchefort était un religieux fervent, très respectueux des pratiques de la vie monacale dont les frères s'étaient peu à peu éloignés : par la douceur et l'exemple, il s'efforça de les ramener à l'exacte observance de leur règle.
Attiré lui-même par les sciences, il redonna un lustre à l'école monacale, envoyant les religieux se perfectionner à Paris, avant de revenir enseigner dans les classes du monastère. Sentant sa fin approcher, il demanda qu'on le transportât dans le sanctuaire de Notre-Dame de Bethléem, où il mourut, le 27 février 1505.
Pierre de Martigny

Il était évêque de Castres lorsqu'il fut nommé abbé de Ferrières. Les moines refusèrent d'abord de recevoir cet abbé imposé ; pour entrer dans son abbaye, il dut faire appel au lieutenant du roi et à ses troupes ; mais ses qualités eurent raison de cette opposition. Résidant dans son abbaye, Pierre de Martigny la gouverna avec sagesse et s'attacha à l'embellir : c'est à lui que l'on doit trois des cinq verrières qui ornent les grandes fenêtres du chevet de l'abbatiale.
Pierre de Martigny favorisa aussi le développement de la confrérie de Notre-Dame de Bethléem, rendit au pèlerinage son caractère exclusivement religieux, en obtenant du roi la suppression de tous les jeux, banquets et spectacles qui l'accompagnaient.
Le concile de Bâle (1440) avait ordonné la réforme de tous les monastères. Soucieux de ramener ses moines à la stricte observance de la Règle, trop longtemps oubliée, Pierre de Martigny fit venir de Cluny quinze moines accompagnés de Bertrand de Lassus comme prieur, et promulgua un règlement en 26 articles, qui fut refusé par les anciens moines.
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Pierre de Martigny
Ce fut le départ d'une période de troubles, de protestations, d'hostilités ouvertes, jusqu'à l'assassinat du prieur. Mais le calme finit par revenir et le règlement de 1521 resta en vigueur jusqu'à la réforme de Saint-Maur, un siècle plus tard.
Pierre de Martigny donna sa démission en 1527, pour des motifs jusqu'ici ignorés.
Odet de Coligny

Le cardinal de Châtillon, Odet de Coligny, était le frère de Gaspard dit l'amiral de Coligny ; archevêque de Toulouse puis évêque de Beauvais, il avait été choisi comme successeur par l'abbé François de Tournon, choix confirmé par le roi Henri II et le pape Paul IV. Il devint donc abbé de Ferrières en 1556 ; il avait alors quarante et un ans.
Il était entré dans la carrière ecclésiastique non par vocation mais par ambition, et il avait accumulé les bénéfices. Aussi n'est-il guère surprenant de le voir, en 1560, renier le catholicisme pour adopter la religion réformée de ses frères Gaspard et François, puis épouser sa maîtresse, Elisabeth de Hauteville, dame de Lorrez-le-Bocage. Il restait toutefois abbé de Ferrières…
En 1568, Ferrières fut assiégée puis enlevée par les troupes de Louis de Condé, proche parent du futur Henri IV, chef du parti protestant et ami de la famille Coligny. L'abbaye fut pillée, profanée ; aucun moine ne perdit la vie mais les reliquaires et les richesses de l'abbatiale furent dispersées, les tombeaux de Louis III, Carloman et Louis de Blanchefort fortement endommagés, les reliques brûlées avec les stalles des moines. Odet de Coligny, qui s'était d'abord éloigné, ne fit cesser le pillage qu'au bout de trois jours, lorsqu'il vit l'intégrité de son bénéfice menacée.
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Odet de Coligny
André Frémyot

Fils de Bénigne Frémyot, seigneur de Thotes, président du parlement de Bourgogne, et de Marguerite Berbisey, André Frémyot était né à Dijon en 1573. C'était un homme savant et pieux. Docteur en droit, membre du conseil privé du roi, il fut nommé archevêque de Bourges et abbé de Saint-Etienne de Dijon en 1602: il se signala par ses qualités d'administrateur et son zèle religieux. Ami de saint François de Sales, frère de Jeanne de Chantal - sainte Chantal - fondatrice de l'ordre de la Visitation, il fut ardent partisan de la réforme monastique qu'avait recommandée le concile de Trente (1560). Les religieux augustins de Saint-Etienne de Dijon opposèrent une résistance invincible à ses tentatives de réforme. Devenu abbé de Ferrières en 1621, il souhaitait y introduire la réforme ; mais la communauté des religieux, tous de l'ordre des Clunisiens réformés introduits par Pierre de Martigny, vivait alors sous le sage gouvernement de Dom Morin et opposait une ferme résistance à toute idée de changement.
L'abbé attendit onze ans avant d'établir à Ferrières la réforme de saint Maur : le 30 septembre 1633, il installa dans l'abbaye neuf religieux de l'ordre de Saint-Maur accompagnés de leur abbé. Mais les vingt trois religieux présents à l'abbaye refusaient de se soumettre aux pratiques nouvelles ; les deux communautés cohabitèrent un temps dans l'abbaye : leurs relations étaient réglées par un concordat de réformation en date du 30 septembre 1633 qui donnait la possession de l'abbaye, avec tous ses biens, logis, terres et dépendances, droits et servitudes aux moines de Saint-Maur, à charge d'y maintenir les anciens religieux, leur laissant jouissance de leurs cellules, dortoirs, grand cloître et chapitre, réfectoire et cuisine avec leurs jardins ; les religieux de Saint-Maur occupaient provisoirement lepetit cloître, les logements des novices et leurs dépendances. Seules l'église et la sacristie demeuraient communes.
Heureux du succès de son entreprise, André Frémyot fit de son abbaye son séjour habituel, qu'il ne quittait que pour s'acquitter des missions importantes que lui confiait le roi Louis XIII.
Au retour d'une de ces ambassades auprès du pape Grégoire XV, il fut frappé d'une attaque d'apoplexie, et rendit l'âme quelques jours plus tard, le 13 mai 1641.
Selon son vœu, son neveu Jacques de Neufchèzes, évêque de Chalons-sur-Saône et abbé de Varennes lui succéda.

Madame de Sévigné à Ferrières

Petite nièce de l'abbé André Frémyot, la jeune Marie de Rabutin-Chantal connaissait Ferrières pour le moins dès l'âge de 11 ans. On trouve sa signature dans deux actes de baptême conservés dans les archives paroissiales (aujourd'hui municipales - Mi EC 145 [R]) ; elle est marraine de Marie Mousseau fille de Louis Mousseau, le 21 août 1637 et, deux ans plus tard, le 14 août 1639, marraine d'un petit Jacques, aux côtés de son oncle Jacques de Neufchèzes, neveu et successeur d'André Frémyot.
On sait - les Mémoires de Bussy-Rabutin en donnent témoignage - qu'en octobre 1648, Mme de Sévigné vint à Ferrières avec son mari et Monsieur de Bussy-Rabutin, sur invitation de Jacques de Neufchèzes ; elle y séjourna jusqu'à la mi-novembre.

Un grand Prieur : Dom Guillaume Morin

Dom Guillaume Morin est né à Paris vers 1570, dans une famille de noblesse de robe. Lorsque son père vint à Ferrières pour y exercer la charge de bailli, Guillaume entra à l'école de l'abbaye.
Pieux et lettré, il fut d'abord nommé prieur de Saint-Pierre de Chaon en Sologne, puis revint à Ferrières dont il fut nommé grand prieur. Dès lors, il consacra sa vie à cette abbaye.
Sa grande tâche fut de rendre à la confrérie de Notre-Dame de Bethléem sa splendeur des anciens jours. Il y parvint. Protégée par le roi et par le pape, elle connut un rapide développement, les pèlerinages reprirent, attirant des pèlerins nombreux et illustres.
A cette confrérie revivifiée, il fallait redonner un cadre à sa mesure : Dom Morin poursuivit les travaux de restauration et d'embellissement des édifices conventuels : restauration du clocher de plomb (1621), restauration des bâtiments conventuels, construction des deux chapelles latérales de N.-D. de Bethléem, l'une dédiée à saint Roch, l'autre au Saint Esprit.
Il mena ces travaux et assura le gouvernement de l'abbaye en parfaite intelligence avec les abbés.
Surtout, il est le premier écrivain qui ait décrit l'abbaye et donné des renseignements sur son histoire. Des ouvrages consacrés à Ferrières, le plus connu s'intitule Histoire générale des pays du Gastinois, Senonois et Hurepoix, contenant la description des Antiquités, des villes, bourgs, chateaux, abbayes, églises et maisons nobles desdits pays ; avec les généalogies des seigneurs et familles qui en dépendent. Composée par feu R.P. Dom Guillaume Morin, grand prieur de l'abbaye de Ferrières en Gastinois, et depuis mise en lumière par les vénérables religieux de ladite abbaye. Paris Veuve Pierre Chevalier, 1630, in 4°.
Certes, l'auteur ne fait pas toujours le partage entre l'histoire et la légende, se laisse souvent emporter par son amour du merveilleux, mais il donne des informations intéressantes surtout sur la période contemporaine de sa vie et son passé récent.
A sa mort, en 1628, les moines l'ensevelirent dans la chapelle de gauche de l'église de Notre-Dame de Bethléem. Sa pierre tombale, relevée contre le mur, s'y trouve encore.
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