accueil
Chaque année au mois d'août, Ferrières s'anime : ce sont les "fêtes historiques" qui font revivre pour un temps les fastes et les joies des siècles passés. Mais les fêtes de Ferrières sont toutes des fêtes "historiques" : elles ont leurs racines dans l'histoire et la tradition les a maintenues jusqu'à nos jours : le pèlerinage de Notre-Dame de Bethléem, la fête de la Saint-Vincent, ou encore, plus récent, le comice agricole. D'autres fêtes n'ont eu qu'une existence éphémère : la Saint Charles sous le roi Charles X, la fête de l'Empereur, sous Napoléon III. Elles ont été prétexte à réjouissances (bals, illuminations…) mais aussi l'occasion de venir en aide aux plus démunis : 150 kg de pain étaient distribués aux pauvres pour la Saint Charles et la fête de l'Empereur ; pour la Saint Charles de 1827, le conseil municipal décide qu'en outre deux des enfants des pères de famille les plus démunis seront habillés aux frais de la commune. Mais elles ont disparu en même temps que leurs instigateurs ; fêtes imposées, elles n'avaient aucun lien avec la vie ferriéroise.
Le Pèlerinage de Notre-Dame de Bethléem

Le souvenir du miracle fondateur de l'abbaye a été perpétué, au cours des siècles, par le grand pèlerinage annuel de la confrérie de Notre-Dame de Bethléem. Cette confrérie, créée, dit-on, par Clovis, a été d'abord soutenue par les successeurs de ce roi, qui tous en ont été membres et bienfaiteurs. Après une interruption de plusieurs décennies causée par les troubles et les guerres de religion, la confrérie renaît et atteint son apogée au XVIIe siècle, grâce à l'impulsion de Dom Morin et l'ardent soutien du souverain, Louis XIII. Bien évidemment, les papes ont de tous te mps appuyé les manifestations de ce zèle religieux. Ils accordaient des indulgences aux fidèles qui visiteraient Notre-Dame de Bethléem le lendemain de Pâques, le dimanche avant l'ascension, le 29 juin, jour de la fête de saint Pierre et surtout le 8 septembre, jour de la nativité de la Vierge.
A ce grand pèlerinage annuel se pressaient les foules venues parfois de fort loin ; humbles villageois ou illustres pèlerins, ils imploraient la mère du Sauveur pour toutes sortes de raisons : la pluie, les récoltes, la guérison de leurs maux, mais surtout les enfants. Les couples stériles venaient demander une descendance. Parmi les plus célèbres pèlerins, Louis XIII et son épouse Anne d'Autriche seraient venus à Ferrières solliciter la grâce d'avoir un fils héritier du trône de France. Et c'est, dit-on, grâce à la protection de Marie que Louis XIV serait né… Les souvenirs de ces pèlerinages royaux se voient aujourd'hui dans l'église : l'image du souverain se trouve peut-être sur le tableau central du retable et sans aucun doute sur des vitraux de Notre-Dame de Bethléem.

Cantique des pèlerins à la sortie du sanctuaire (XIXe siècle)

Pour faciliter la prière des pèlerins, une série de chants et de prières étaient prévus. Souvent, ils rappellent les origines miraculeuses du monastère. Ainsi en quittant le sanctuaire, voici ce que les pèlerins étaient invités à chanter au XIXe siècle :

A Bethléem sur les traces des mages,
En pèlerin je suis venu te prier ;
A notre Mère, offrir mes pieux hommages,
Dire à son cœur de ne pas m'oublier.
[...]
Le souvenir de l'antique chapelle
Qui, dès longtemps, a reçu votre nom,


Attisera, dans mon âme immortelle,
Des joies du ciel, la noble ambition.
[…]
A te revoir Bethléem de Ferrières,
Heureux témoins des merveilles de Dieu,
Nous reviendrons déposer nos prières,
S'il plaît au ciel, souvent, en ce saint lieu.
Au temps de sa première splendeur, le pèlerinage attirait un grand concours de peuple dans les rues de la ville. En dehors des offices, la foule rassemblée y trouvait alors des réjouissances mondaines ; les pèlerins, écrit Dom Morin, allaient voir les parades de mille bateleurs de sorte qu'en ce lieu de Ferrières à cause de sa grande réputation et du grand nombre de peuple qui y venait non seulement de toute la France mais de toute l'Europe, les jongleurs et bateleurs y accouraient pour donner du plaisir au peuple représentant mille farces et jeux de passe-passe. Cette pieuse manifestation se serait transformée en joyeuse kermesse, si les abbés n'y avaient mis le holà !
La fin du monastère n'a pas entraîné l'abandon définitif du pèlerinage, qui a repris après la Révolution. Depuis le XIXe siècle, le curé de la paroisse a pris la suite des moines et se charge des pèlerins.
Agrandissement : 387x600 (47 ko)
Le temps fort du pèlerinage est resté jusqu'à nos jours la grande procession solennelle où l'on sort la statue originale de la Vierge noire couronnée et revêtue de sa robe de cérémonie brodée d'or (et d'argent) aux armes de l'abbaye. Cette statue du XVIe siècle a échappé miraculeusement aux pillages et à la révolution.
C'est par un bref daté du 12 mai 1898 que le pape Léon XIII, répondant au souhait de l'abbé Guilldoux, curé de Ferrières et de Monseigneur Touchet, évêque d'Orléans, a autorisé le couronnement de la statue de Notre Dame de Bethléem et de l'enfant Jésus. Cet hommage accordé par le souverain pontife est la reconnaissance du fait que ce sanctuaire est : "connu pour son antiquité, célèbre par des prodiges, fréquenté enfin par le concours des pèlerins". Les deux couronnes ressemblaient à celles que l'on voit actuellement sur la copie, dans l'église de Bethléem. Les originaux ont été volés un jour de Noël. Ils ont été remplacés, en septembre 1998, par deux couronnes en or de facture plus simple.
Agrandissement : 387x600 (47 ko)
La Saint Vincent

La fête de la Saint Vincent remonte elle aussi au Moyen Age : c'est une survivance des temps où le territoire de Ferrières était planté de vignes. Cette culture, introduite par Loup Servat, a été florissante jusqu'au siècle dernier, où le phylloxéra et la concurrence des vignobles nord bourguignons en ont eu raison. Il ne reste aujourd'hui que quelques rangs de vignes à Ferrières, mais la confrérie de saint Vincent, toujours active, a solennellement replanté le 28 mars 2003, deux rangs de ceps nouveaux sur l'une des rares vignes qui subsistent, au "Côteau Saint-Lazare" derrière la Chapelle du même nom.
Cette confrérie a été créée au Moyen Age dans le but d'assurer la solidarité de ses membres. Les vieux Ferriérois témoignent de son rôle de société d'entraide, qu'elle exerçait encore au moment de la seconde guerre mondiale : on se souvient notamment d'une collecte organisée au profit des membres prisonniers de guerre. La confrérie avait son siège au café Saint Vincent, à l'angle des rues des Charrières et de la Triperie. A la disparition de cet établissement, les confrères déposèrent bannière et instruments divers dans d'autres cafés : à l'hôtel du Cheval Blanc, rue du Lion d'Or, ou au Café des familles, place Saint Macé. Actuellement, le siège est à la Mairie.
Agrandissement : 600x400 (38 ko)
Complément
sur
la vigne à Ferrières
Agrandissement : 600x400 (38 ko)
Le char de la confrérie de saint Vincent
au comice agricole
Le jour de la Saint Vincent (le 22 janvier) annonce la reprise du cycle cultural de la vigne : c'est le moment où la taille commence dans les régions les plus précoces du pays. "A la Saint Vincent, la serpe est au sarment", disait-on à Orléans. Le culte de Saint Vincent a donc été célébré à Ferrières, comme dans tout le Loiret. Après avoir eu ses heures de gloire au Second Empire, il a survécu à la fin des vignerons et la tradition connaît même, depuis quelques années, un regain de popularité.
Jusqu'à la guerre de 1914, la fête avait lieu le jour même de la Saint Vincent, le 22 janvier. Le signal était donné la veille à six heures du soir par une sonnerie de cloches. Ensuite venaient les "aubades", coups de fusil tirés au domicile des bâtonniers (ceux qui primitivement s'occupaient des attributs du saint : statue, bâton, etc.). Soucieux de recevoir dignement leurs confrères, ceux-ci versaient quelques litres de leur vin dans les bonbonnes apportées à cet effet : après la fête, tous les soirs, on irait boire le vin chaud au café Saint Vincent, jusqu'à épuisement des réserves, qui pouvait prendre deux semaines.
Le matin du 22, les cloches étaient de nouveau sonnées à 6 heures, puis, après une petite collation au café Saint Vincent, on conduisait en procession, à travers la cité, la statue du saint, la bannière, le tonnelet et le pain bénit, jusqu'à l'église, où une messe réunissait les confrères et leur famille. La Saint Vincent était la fête des hommes, les femmes n'assistant qu'à la messe.
Devenue, en 1973, une association de type Loi de 1901 et élargie aux femmes en 1980, la confrérie honore maintenant son saint patron, selon la tradition, le dimanche le plus proche du 22 janvier.
En signe de reconnaissance, les confrères arboraient autrefois leur insigne : un ruban rouge frangé orné d'une grappe de raisin dorée et agrémenté d'un nœud tricolore. En 1985, ils ont adopté un costume emprunté aux jurades et confréries des grands vignobles bordelais ou bourguignons : grande robe bleue à parements jaunes, petit chaperon aux couleurs de la ville.
Ces festivités, y compris le bal qui a lieu huit jours avant la fête, sont toujours courues. Elles sont en effet, pour tous, la seule trace des activités traditionnelles non liées à l'existence de l'abbaye.
Autrefois, quand un de ses membres était malade ou immobilisé par un accident , les confrères lui taillaient sa vigne ou lui préparaient ses tonneaux, quand ils n'assuraient pas la vendange.
La fête de la Pentecôte : Couronnement de la rosière … et du " rosier " !

Selon la tradition, c'est l'évêque Médard, natif de Salency, dans l'Oise, qui aurait institué la fête des rosières vers la fin du Ve siècle : la jeune fille la plus vertueuse du pays devait dès lors être couronnée et dotée grâce aux revenus du "fief de la rose", créé à cet effet.
Au XIXe siècle, l'institution devient une affaire d'état : pour fêter son accession au trône puis la victoire d'Austerlitz, Napoléon décrète que des jeunes filles pauvres et vertueuses seront dotées par l'Etat et mariées. En 1810, pour fêter ses noces avec Marie-Louise d'Autriche, l'empereur ordonne que, dans tout le pays, 6 000 militaires soient mariés avec ces jeunes filles de bonne moralité.
Dans le Gâtinais, la tradition a été très vivante ; elle se perpétue de nos jours dans quelques localités, dont Ferrières.
Le 6 juin 1929, le conseil municipal a accepté à l'unanimité le legs de Madame Louise Renée Sergent, veuve Mercier : une somme de quarante mille francs plus des terres à Fontenay et à Ferrières. Sur les revenus de cette somme et de ces immeubles, il sera prélevé chaque année la somme de quinze cents francs, destinée à doter chaque année, le Lundi de Pentecôte, une jeune fille méritante habitant Ferrières, désignée par le Conseil Municipal.
Le couronnement de la rosière a toujours lieu, chaque année à la Pentecôte.
Quatre ans plus tard, par testament en date du 2 décembre 1933, Monsieur Pierre Leboucq donne et lègue à la Ville de Ferrières (Loiret) somme suffisante pour constituer une rente de quatre cents francs nette de charges, destinée à un chef de famille pauvre, y demeurant depuis dix ans au moins et qui en sera jugé digne par son travail et la bonne tenue de sa maison.
Depuis, Ferrières a aussi son "rosier" !
Le Comice agricole

Les comices agricoles sont nés au milieu du XIXe siècle ; leur création avait été encouragée à partir du règne de Louis XVIII. La tradition en est toujours vivante dans le Loiret. Chaque année, un comice se tient dans un des sept cantons de l'arrondissement de Montargis.
Cette fête de l'agriculture a lieu à la fin des moissons, avant les vendanges et les travaux d'automne. Elle se déroule sur deux journées : à la journée "officielle" du samedi (ouverture du comice, concours de labour, présentations de bestiaux, expositions, remise des diplômes et récompenses…), succède la journée de liesse du dimanche : défilé de fanfares et de chars décorés par les communes, les corporations et confréries du canton.
Le samedi soir, un bal public ouvre les réjouissances.
Inauguration du comice agricole de Ferrières.
Le président du Conseil Général, la Rosière, la Reine du Loiret, le Sous-Préfet.
Agrandissement : 600x473 (38 ko)
Agrandissement : 600x473 (38 ko)
Les fêtes historiques

"Au petit matin du 27 août 1982, Ferrières s'éveille et prépare les Fêtes de la Renaissance" ainsi commence l'album de photos de l'une des plus anciennes participantes des Fêtes historiques de Ferrières.

Nées de l'initiative, de la volonté et de l'imagination de quelques-uns, bénéficiant dès le départ du soutien de la Municipalité et de plusieurs associations ferriéroises, telles la Chorale Chantecléry, le groupe théâtre de la Maison des Loisirs et de la Culture, les "Fêtes historiques de Ferrières" doivent en effet une grande part de leur succès populaire au concours enthousiaste d'une partie importante des habitants du village qui ont donné sans compter de leur temps, de leur énergie, de leurs savoir-faire pour la réussite de ces spectacles dont la réputation a vite dépassé les limites du Gâtinais. Sans interruption depuis 1982 (à l'exception des années du Comice), ces spectacles ont su en effet attirer à Ferrières des milliers de spectateurs qui, le temps de quelques heures, ont vu revivre devant leurs yeux les grandes heures et les fastes du passé prestigieux de la cité médiévale aussi bien que les moments terribles de son histoire mouvementée, depuis sa fondation à l'aube de la Chrétienté jusqu'à son déclin à la Révolution, en passant par ses heures de gloire à la période carolingienne ou sous la férule de l'Abbé de Blanchefort.

Car d'emblée, ce sont les péripéties réelles ou légendaires de l'histoire de la cité gâtinaise qui ont fourni la matière de ces spectacles. Puis il a bien fallu se renouveler et s'écarter un peu de l'histoire de Ferrières et offrir, comme au Moyen Age, le spectacle du Vray Mystère.

Depuis ces dernières années, les fastueux spectacles qui se déroulaient sur le parvis de l'église abbatiale Saint-Pierre et Saint-Paul devant un public assis sur des gradins, ont fait place à une nouvelle formule de représentation "mobile" - ballades ou nocturnes - qui voit les spectateurs se "balader" selon un itinéraire qui leur fait découvrir, à la lumière vacillante des torches, un village médiéval animé d'artisans au travail, de soldats et de ribaudes, de moines, de commères ou de lépreux aussi bien que de gentes dames et de gentils seigneurs. La promenade est ponctuée de tableaux ou de mini spectacles : petits théâtres et scènes de rues, camp de soldats, danses médiévales ou de la Renaissance, taverne, fête des Fous, ferme médiévale, danse macabre ou gisants dans le cadre imposant de l'église abbatiale illuminée…
Agrandissement : 600x456 (47 ko)
Agrandissement : 600x466 (47 ko)
Ces Nocturnes connaissent chaque année un succès grandissant, qui assure la pérennité économique de la formule, ce qui n'empêche certains parmi les plus anciens d'avoir la nostalgie des "grands spectacles" d'antan…

Une mention toute particulière doit être faite du traditionnel fameux Bal Renaissance, qui, animé par un orchestre de musique ancienne réunit en fin de spectacle sur la prairie, devant la Taverne, spectateurs, acteurs, danseurs et danseuses, pour de folles rondes endiablées ou d'élégantes pavanes…

Ces Nocturnes font désormais partie du patrimoine.

Elles font revivre chaque première moitié du mois d'août ce village , et font découvrir de la façon la plus vivante, aussi bien à ses habitants qu'à ses visiteurs, un passé qui fut prestigieux.
Agrandissement : 400x600 (36 ko) Agrandissement : 450x500 (36 ko)
Agrandissement : 400x600 (36 ko)
Agrandissement : 450x500 (36 ko)
. Haut de page