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-    La découverte de Ferrières commence, hors les murs, sur la place Saint-Macé (parking ombragé).
Ne pas franchir l'enceinte par la porte principale (porte Saint-Macé), mais entrer dans le parking et prendre à droite l'un des deux escaliers qui descendent vers la rue du Couvent, que l'on traverse pour gagner le pavillon Louis XIII.
-     Du pavillon Louis XIII, faire demi-tour et prendre, à gauche, la rue du Couvent.

Le "Champ royal"

A l'entrée est de la ville s'étend une grande place plantée de marronniers, de platanes et de rares tilleuls : c'était autrefois le Champ Saint-Macé, puis le Champ royal. Les grands arbres qui l'ombragent aujourd'hui ont en partie remplacé les marronniers plantés sous la Restauration, après l'invasion de 1815, grâce à une souscription publique. Les archives municipales de Ferrières en portent le témoignage : La plantation du Champ Saint-Macé commencée le 17 novembre 1817 a été terminée le 22 du même mois les marronniers qui bordent le Lary du côté de Pierre Legros ont été plantés le 25 janvier 1818. […] Cette vaste place, coupée en deux par la route de Sens depuis 1853, était autrefois entourée de haies.
"Le Champ royal"
Elle était le lieu des fêtes et des foires, notamment celle de la Saint-Michel, l'une des plus anciennes de France, instituée à Ferrières le 29 septembre 1163, jour de la consécration de l'abbatiale par le pape Alexandre III. En 1898, le Champ royal fut le cadre d'une grandiose manifestation religieuse : le Couronnement de Notre Dame de Bethléem. La statue vénérée fut couronnée solennellement par Monseigneur Touchet, évêque d'Orléans, en présence de Monseigneur Ardin, archevêque de Sens, de deux évêques (NN. SS. Mollien, évêque de Chartres, et Chapon, évêque de Nice), de 400 prêtres, de 200 missionnaires ou aspirants à des missions étrangères, et de 12 à 15 000 pèlerins. Au cours de la guerre de cent ans, elle fut, dit-on, le théâtre d'événements douloureux et violents : c'est là que fut livré, en 1427, le combat contre les Anglais.

Les Anglais battus place Saint-Macé

En 1427, les Anglais conduits par Warwick, envoyé du duc de Bedford, régent du Royaume assiégeaient Montargis. Après trois mois de siège et de résistance des habitants, ils furent écrasés par les armées françaises. Les survivants s'enfuirent et se replièrent sur Ferrières, s'emparant de la ville et du fort. Ils y tinrent garnison quelque temps mais furent à leur tour assiégés par les troupes du comte de la Marche, duc de Bourbon, renforcées d'un grand nombre de bourgeois de Montargis. Warwick accepta de se rendre et de se retirer contre la promesse que ses troupes auraient la vie sauve. Tandis que les troupes anglaises quittaient la ville par la porte Saint-Macé, des soldats mirent le feu dans le fort, incendièrent Notre-Dame de Bethléem, l'église Saint-Pierre et une bonne partie de la ville. Les habitants de Ferrières, exaspérés par un si lâche attentat, prirent les armes et s'élancèrent avec fureur à la poursuite des Anglais. Unis aux troupes venues de Montargis, ils les atteignirent dans le champ de Saint-Macé, à l'est de la ville, en tuèrent 2 000, dit Dom Morin, firent le reste prisonnier, et s'emparèrent de tous leurs bagages, avec plusieurs fauconneaux et pièces de campagne (Jarossay, p.274).
Dom Morin rapporte qu'un des incendiaires, qui avait jeté une torche sacrilège sur Notre-Dame de Bethléem se sentit soudain brûler par tout le corps ; courant comme un enragé en criant "je brûle", il s'en fut se jeter dans le puits d'une chapelle dite Saint-Mathieu à un jet de pierre de la ville. Ses ossements furent retrouvés en 1607, lorsque l'on fit curer le puits.

La place Saint-Macé

Selon la légende, c'est de Sens que l'Évangile serait venu à Ferrières, avec les saints Savinien et Potentien. Pour en perpétuer le souvenir, on a donné à cette place, située précisément au débouché de la route de Sens, le nom d'un évangéliste, saint Macé (nom local de saint Mathieu).
Aujourd'hui vaste parking sous les tilleuls, la partie de la place la plus proche de la ville était autrefois une promenade hors les murs. Les tilleuls qui l'ombrageaient alors avaient été plantés sous le règne de Louis XIV, en 1702 : six allées bien alignées d'où on jouit d'une belle vue sur la campagne et la prairie qui anciennement était transformée en grand et petit étang (Ronceray).
Avant la Révolution, elle faisait le lien entre le siècle, le monde des villageois employés à l'abbaye, dont la paroisse, Sainte-Apolline, était voisine, et le monde des religieux, de l'autre côté du mur d'enceinte dont les fondements bordent toujours la place du côté de l'ouest. En 1790, la municipalité revendique la propriété de cette promenade publique usurpée par les cy-devant Bénédictins.
La fête du Lundi de la Pentecôte s'y tenait tous les ans. Les enfants de l'ancienne école y prenaient leurs ébats. Aujourd'hui encore, elle est utilisée pour certaines foires et grands marchés.

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Le cellier des moines

Ces anciennes caves de l'abbaye sont creusées sous les bâtiments de la première cour, entre le mur d'enceinte et le pavillon Louis XIII.
Ce sont deux vastes salles voûtées séparées par une rangée de piliers massifs sur lesquelles s'ouvrent des caves plus petites. Dans son état actuel, le cellier date vraisemblablement du XIIe ou du XIIIe siècle ; la travée ouest pourrait être antérieure (IXe siècle).

Ce que doit être le cellérier du couvent

On choisira pour cellérier (intendant) du monastère quelqu'un de la communauté qui soit sage, d'un caractère mûr, sobre, qui ne soit pas grand mangeur, ni hautain, ni turbulent, ni porté à l'injure, ni lent, ni prodigue, mais craignant Dieu et qui soit comme un père pour toute la communauté.
Qu'il prenne soin de tout. Qu'il ne fasse rien sans l'ordre de l'Abbé. Qu'il observe exactement ce qui est commandé, qu'il ne contriste pas les frères.
Si quelque frère lui fait une demande sans raison, qu'il ne le contriste pas en le rebutant avec mépris ; mais qu'il refuse raisonnablement ce qu'on lui demande mal à propos. Qu'il veille à la garde de son âme, se souvenant toujours de cette parole de l'Apôtre :
"Celui qui aura bien administré acquiert ainsi un rang plus élevé."
Qu'il prenne un soin tout particulier des infirmes, des enfants, des hôtes et des pauvres, étant fermement persuadé qu'au jour du jugement il doit rendre compte pour eux tous.
Qu'il regarde tous les objets et tout ce que possède le monastère comme les vases sacrés de l'autel. Qu'il ne néglige rien. Qu'il ne soit ni avare, ni prodigue, ni dissipateur des biens du monastère ; mais qu'il fasse toutes choses avec mesure et conformément aux ordres de l'Abbé.
[…]
Qu'il donne aux frères la portion accoutumée sans hauteur comme sans délai, de peur qu'ils ne se scandalisent, se souvenant du châtiment dont la parole divine menace celui qui aura scandalisé l'un des petits. Si la communauté est nombreuse, on lui donnera des aides, afin que, soulagé ainsi dans son travail, il puisse remplir son office avec un esprit plus tranquille.
On donnera et on demandera aux heures convenables, ce qui doit être donné ou demandé, afin que personne ne soit troublé ni contristé dans la maison de Dieu.

Règle de saint Benoît, chapitre XXXI

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